CONFERENCE PROSPECTIVE 21OO

Organisée avec le parrainage du CIGRÉ
(Comité National Français)
et du Club Jicable (SEE)


L’Énergie en Afrique - Enjeux et perspectives

par Abdelnour KERAMANE
Ancien ministre de l’Industrie et des Mines de l’Algérie,
Directeur de la Revue MedEnergie.

Cette conférence était présidée par André MERLIN
Président du CIGRÉ, Président des Conseils de Surveillance de RTE et d’ERDF

 

Abdennour Keramane

Avec une population de 1 milliard d’habitants, soit 16% de la population mondiale, l’Afrique est le Continent le plus pauvre de la planète, avec 2,6% seulement du PIB mondial. Plus des 60% de la population africaine vivent avec moins de 2 dollars par jour et cette situation de pauvreté se traduit aussi par une faible consommation en énergie : plus des 60% de la population n’ont pas accès à l’énergie commerciale et la ressource énergétique la plus répandue est la biomasse.
Pourtant, l’Afrique ne manque pas de ressources naturelles. Elle détient près de 10% des réserves mondiales en pétrole, près de 8% des réserves en gaz et 3,5% des réserves en charbon, de l’uranium ainsi qu’un potentiel considérable en énergies renouvelables (hydroélectrique particulièrement, mais aussi éolien, solaire et géothermique). Alors qu’elle produit 12% de pétrole, 7% de gaz et 4,3% de charbon, elle ne consomme que: 3,7% de pétrole, 3,2% de gaz et 0,5% de charbon. La faible consommation en énergie est à la fois la cause et la conséquence du sous-développement.
Dans ce contexte, la population de l’Afrique atteindra 1,8 milliards d’habitants en 2050, soit le cinquième de la planète et les défis du Continent sont redoutables : comment transformer les ressources naturelles en richesse sous toutes ses formes, en croissance économique, en bien être social ? Des études effectuées pour le compte de la Banque Africaine de Développement prévoient l’électrification complète du continent en 2050, avec des situations intermédiaires à 35% en 2015 et 50% en 2030. A cette fin, la structuration en ensembles régionaux globalement homogènes (Power pools), déjà engagée sur le terrain, apparaît comme un facteur clé de la réussite, permettant la coordination des politiques énergétiques pour mieux répondre aux besoins de croissance et sécuriser l’accès à l’énergie.
Le renforcement de la coopération entre pays africains et entre les ensembles sous-régionaux constitue un élément essentiel pour le développement de l’Afrique, de même que la coopération des Institutions internationales avec les Institutions africaines spécialisées : UA, BAD, CEA notamment.
Des investissements importants sont nécessaires pour réaliser les projets structurants, dont certains sont déjà identifiés, qu’ils s’agissent du renforcement des capacités de production en hydrocarbures ou en électricité ou bien des réseaux de transport, dans le cadre d’un partenariat public-privé. La coopération avec les pays développés dans le domaine de la formation, de la recherche et de la technologie devra viser l’implantation de structures au plan local, afin d’éviter la fuite des cerveaux et préparer les cadres et techniciens aux réalités locales.
Naturellement, aucun progrès n’est possible en Afrique sans des réformes institutionnelles sur les plans politique, économique et social, consacrant la démocratie et l’Etat de droit, seules conditions à même de garantir une gouvernance de qualité et un contrôle des Institutions démocratiquement élues sur les richesses du Continent.

 

 

Cette conférence a été présentée le mercredi 24 novembre 2010

à l'ISEP - 28, rue Notre Dame des Champs - Paris 6ème
devant une large audience.